le sujet :
"A
partir d’un souvenir personnel ou d’une photographie, écris un court récit à la
première personne. A la
manière d’Alain Mabanckou dans Demain j’aurai 20 ans, ton récit doit être celui d’un enfant d’une dizaine d’années. Tes
choix stylistiques d’écriture doivent essayer de retranscrire « la
voix » de cet enfant, à cet âge-là."
CROATIE
Il y a des panneaux avertissant du danger de mines sur la route qu'on emprunte. Ma famille et moi sommes en voyage d'été en Croatie. Ma mère y a rejoint Isabelle, sa meilleure amie, qui y fait un stage de médecine et on l'a, mon père et mes deux frère et moi, rejoint une semaine après. On a quitté Isabelle, contrainte par son travail, pour aller faire nos touristes dans le pays. Mais avant ça, on a passé du temps avec elle, on a même chanté pour les hospitalisés. C'est un asile. Et comme d'habitude tout le monde m'a dit qu'il fallait que je rentre mon ventre, mais j'y arrive pas très bien à chaque, fois je l'oubli et je le laisse alors tranquille.
Du coup pendant notre périple, on a
fait le tour de plusieurs parcs de cascade, c'est juste trop beau, t'as envie
de t'y jeter, mais c'est interdit à la nage, au risque de se noyer. C'est un
joli pays la Croatie, même s'il y a eu la guerre y'a pas longtemps, elle s'est
d'ailleurs finie l'année de ma naissance ! On voit bien que les gens ils n'ont
pas eu le temps de s'en remettre, l'intérieur du pays est encore en ruine
contrairement aux côtes. Et on voit beaucoup de gens à qui il manque des bras.
Ca me fait peur et ça me rend triste.
Et là je peux vous dire que quand tu
sais que t'es sur une route déserte, qu'il y a potentiellement des mines dessus
et que mes parents ne cessent de répéter qu'on n'est pas sur la bonne route,
qu'elle n'existe même pas sur la carte, là il y a un problème. Je sais que
c'est pas de la faute de l'auteur de la carte, parce qu'en même temps son pays
n'est pas assez prêt, et est encore incapable de répertorier toutes les infos
nécessaires pour faire la cartographie du pays.
Mais là mon père est bien parti pour
faire un demi-tour sur cette route mortelle. Il va empiéter sur le bord de la
route et moi c'est tout ce que je ne veux pas qu'il fasse. Je reverrai jamais
Isis et ses chatons qu'on a laissés à la maison. Ca n'aura servi à rien que je
prie pour eux à chaque visite d'église que mes parents m'obligent à faire. En
plus ils ne sont même pas croyants ! J'essaye de m'imaginer comment ça doit
faire de croire en Dieu et j'espère que comme ça il écoutera plus les prières
que je fais parce que je pense à lui. Surtout que notre famille est bien connue
pour ne jamais avoir de chance dans le domaine des chats.
Et là je me mets à pleurer, Je
m'énerve contre mes parents. Je me mets en boule dans mon rehausseur je ferme
les yeux aussi fort que je peux. On empiète sur le bord de la route on fait
notre demi-tour et je suis en vie. On refait le chemin en sens inverse et on ne
trouva jamais le parc naturel qu'on cherchait.
Maïwenn, LFSF
**** **** ****
PASSÉ SIMPLE
Ma mère, elle dit toujours ``comème``, ``c’est comème important``,``T’as comème pas dit ça comème !!!`` elle sait bien que ça s’écrit ``quand même`` mais les sons nasaux ça l’énerve alors elle dit comme elle veut, parce qu’elle pense que c’est mieux d’être libre que d’être un idiot qui fait comme tout le monde. Mais si par malheur, je lui écris de ma colo ``je mamuse`` en un seul mot là elle devient verte de rage, elle se met à hurler en me faisant bien comprendre la gravité d’une telle erreur en CM1. Les fautes d’orthographe, c’est la honte, c’est pire que tout. D’ailleurs je suis sure et certaine qu’elle serait moins énervée si je fumais et que je faisais de la moto. Les fautes d’orthographe, c’est un sujet sérieux, c’est très grave.
A l’âge de 6 ans, je suis arrivée en France et très vite, j’ai commencé à parler français, sans accent, bien avant que mes parents puissent se débrouiller. Les devoirs c’est la guerre avec ma mère. En CP j’apprenais le français avec Ratus, Minou et Mina. Elle restait dans ma chambre jusqu’à tard et fumait cigarette sur cigarette. Je devais apprendre la leçon ``Ratus a un costume de Zouave``, je me souviens très bien du dessin du manuel : une souris avec des babouches et un pantalon bouffant ridicule. Je me demande bien pourquoi on m’a fait apprendre ça, comme si j’allais avoir besoin d’acheter un costume de Zouave chez Mammouth…Alors que pour ma mère un costume de Zouave, des pataugasses ou un anorak c’est pareil, c’est juste des mots français bizarres ! A la sortie de l’école, quand les autres mamans parlent argot elle ne comprend rien, je dois tout lui expliquer : ``les godasses``, ``les marmots``…D’ailleurs lorsque l’on dit c’est marrant elle se demande bien pourquoi on associe le rire à la couleur marron. ``C’est vraiment n’importe quoi`` s’indigne t’elle !
Maintenant, elle est en DEUG à la fac de Censier et en général je n’ai pas l’impression qu’elle en sache plus que ma maîtresse. Elle m’énerve parfois parce qu’elle n’est pas comme les autres mamans et puis surtout elle ne fait rien comme tout le monde. Quand elle avait quatorze ans elle a séché les cours avec ses copines et mon papy l’a vue en train de fumer des cigarettes devant l’école et puis surtout à 17 ans elle est sortie avec mon père un hippie avec les cheveux longs et elle m’a eue, moi. Quand je serai grande, moi aussi je fumerai des clopes et j’irai à la fac de Censier mais je ne veux pas sécher l’école et sortir avec un garçon qui a les cheveux longs. Aujourd’hui en classe la maitresse nous a appris le passé simple. Les grands du CM2 nous ont prévenus, ``vous allez apprendre des gros mots`` alors on était impatients. Ma mère prend mon cahier et me fais réciter :
_ ``Le verbe venir : Je vins…, tu vins…, il vint.., nous vinîmes…``elle m’interrompt brusquement.
_ ``No, no, no, mhijita, au passé simple on dit nous vînmes``
_ "Mais tu connais rien toi, c’est comme ça qu’elle a dit la maitresse ``nous vînimes`` . En plus, regarde, c’est écrit dans mon cahier, c’est pas toi qui va m’apprendre…
_Elle s’énerve et commence à crier : ``Passe-moi, mon Bescherelle, allez, apporte le moi, tu vas voir, je vais te montrer…
_ Le Bescherelle c’est pour la fac, moi je suis pas à la fac, je suis à l’école c’est pas pareil. Mais pourquoi tu ne me fais pas confiance ?!"
Le ton monte et de grosses larmes coulent sur mes joues, comme toujours lorsque l’on fait les devoirs. Je décide de passer un coup de fil à mon tonton Richard, lui il doit bien savoir. C’est le copain de ma tante Erika, il est prof de français et dans la famille, c’est un peu la référence pour tout ce qui est français. Je me précipite donc vers le téléphone, la voix de la sagesse va nous départager maman et moi. Tonton Richard est sûr et certain, le verdict est sans appel : ma mère a raison, on dit bien nous vînmes…Le monde s’effondre, mes larmes s’arrêtent net, à mi-joue, comment reconnaître que je me suis trompée ? Je vais faire comme si de rien n’était et tout ira bien.
MS. LFSF
MAMIE ZOMBI
Maïwenn, LFSF
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PASSÉ SIMPLE
Ma mère, elle dit toujours ``comème``, ``c’est comème important``,``T’as comème pas dit ça comème !!!`` elle sait bien que ça s’écrit ``quand même`` mais les sons nasaux ça l’énerve alors elle dit comme elle veut, parce qu’elle pense que c’est mieux d’être libre que d’être un idiot qui fait comme tout le monde. Mais si par malheur, je lui écris de ma colo ``je mamuse`` en un seul mot là elle devient verte de rage, elle se met à hurler en me faisant bien comprendre la gravité d’une telle erreur en CM1. Les fautes d’orthographe, c’est la honte, c’est pire que tout. D’ailleurs je suis sure et certaine qu’elle serait moins énervée si je fumais et que je faisais de la moto. Les fautes d’orthographe, c’est un sujet sérieux, c’est très grave.
A l’âge de 6 ans, je suis arrivée en France et très vite, j’ai commencé à parler français, sans accent, bien avant que mes parents puissent se débrouiller. Les devoirs c’est la guerre avec ma mère. En CP j’apprenais le français avec Ratus, Minou et Mina. Elle restait dans ma chambre jusqu’à tard et fumait cigarette sur cigarette. Je devais apprendre la leçon ``Ratus a un costume de Zouave``, je me souviens très bien du dessin du manuel : une souris avec des babouches et un pantalon bouffant ridicule. Je me demande bien pourquoi on m’a fait apprendre ça, comme si j’allais avoir besoin d’acheter un costume de Zouave chez Mammouth…Alors que pour ma mère un costume de Zouave, des pataugasses ou un anorak c’est pareil, c’est juste des mots français bizarres ! A la sortie de l’école, quand les autres mamans parlent argot elle ne comprend rien, je dois tout lui expliquer : ``les godasses``, ``les marmots``…D’ailleurs lorsque l’on dit c’est marrant elle se demande bien pourquoi on associe le rire à la couleur marron. ``C’est vraiment n’importe quoi`` s’indigne t’elle !
Maintenant, elle est en DEUG à la fac de Censier et en général je n’ai pas l’impression qu’elle en sache plus que ma maîtresse. Elle m’énerve parfois parce qu’elle n’est pas comme les autres mamans et puis surtout elle ne fait rien comme tout le monde. Quand elle avait quatorze ans elle a séché les cours avec ses copines et mon papy l’a vue en train de fumer des cigarettes devant l’école et puis surtout à 17 ans elle est sortie avec mon père un hippie avec les cheveux longs et elle m’a eue, moi. Quand je serai grande, moi aussi je fumerai des clopes et j’irai à la fac de Censier mais je ne veux pas sécher l’école et sortir avec un garçon qui a les cheveux longs. Aujourd’hui en classe la maitresse nous a appris le passé simple. Les grands du CM2 nous ont prévenus, ``vous allez apprendre des gros mots`` alors on était impatients. Ma mère prend mon cahier et me fais réciter :
_ ``Le verbe venir : Je vins…, tu vins…, il vint.., nous vinîmes…``elle m’interrompt brusquement.
_ ``No, no, no, mhijita, au passé simple on dit nous vînmes``
_ "Mais tu connais rien toi, c’est comme ça qu’elle a dit la maitresse ``nous vînimes`` . En plus, regarde, c’est écrit dans mon cahier, c’est pas toi qui va m’apprendre…
_Elle s’énerve et commence à crier : ``Passe-moi, mon Bescherelle, allez, apporte le moi, tu vas voir, je vais te montrer…
_ Le Bescherelle c’est pour la fac, moi je suis pas à la fac, je suis à l’école c’est pas pareil. Mais pourquoi tu ne me fais pas confiance ?!"
Le ton monte et de grosses larmes coulent sur mes joues, comme toujours lorsque l’on fait les devoirs. Je décide de passer un coup de fil à mon tonton Richard, lui il doit bien savoir. C’est le copain de ma tante Erika, il est prof de français et dans la famille, c’est un peu la référence pour tout ce qui est français. Je me précipite donc vers le téléphone, la voix de la sagesse va nous départager maman et moi. Tonton Richard est sûr et certain, le verdict est sans appel : ma mère a raison, on dit bien nous vînmes…Le monde s’effondre, mes larmes s’arrêtent net, à mi-joue, comment reconnaître que je me suis trompée ? Je vais faire comme si de rien n’était et tout ira bien.
MS. LFSF
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MAMIE ZOMBI
Je suis dix ans. Je passe souvent mes
après-midi ou des weekends entiers chez ma grand-mère. Ma grand-mère dit
qu’elle adore les films d’horreur. Elle raconte qu’elle en a tellement vu de
toutes les couleurs dans sa vie que c’est pas ça qui lui fait peur. Elle dit plutôt que ça l’amuse.
Hier soir, alors qu’elle m’avait préparé
un plateau télé, ensemble, nous avons regardé la nuit des morts vivants. Au moment
d’aller me coucher, je n’arrive pas à dormir. Quand je parviens enfin à fermer
mes yeux, ma grand-mère se transforme, ses cheveux sont verts, une matière
gluante s’écoule de sa bouche et elle cherche à me dévorer le cou.
J’ouvre les yeux. Elle vient me voir.
Mamie zombie ne bave plus. Elle me rassure, elle m’a entendu hurler, elle me dit
que je peux dormir avec elle, si je veux. Je vais donc me coucher et me coller
à son parfum rassurant.
Mes paupières tombent à nouveau. Mais
aussi sec, les voilà qui reviennent, encore plus nombreux, tous là, à grommeler derrière la
porte de l’appartement, ils raclent avec leurs ongles pointues et visqueux, j’entends
une respiration un peu forte et c’est à nouveau mamie zombi qui veut me mordre
le cou, j’ouvre les yeux. J’entends ma grand-mère qui respire sereinement,
endormie.
Alors je regarde tout autour de nous dans
l’obscurité de la pièce, je fixe son chapeau, son châle posé sur une chaise, ses
gants en cuir, sa bourgeoisie posée là au travers de ses objets qui lui
appartiennent. Je scrute les motifs d’une vieille tapisserie brodée. Je fixe le tableau en face
du lit, représentant une licorne.
Elle accumule des tonnes de trucs
bizarres, ma grand-mère, d’une autre époque, qui disent ce qu’elle faisait
avant d’être vieille. Elle garde précieusement des tonnes de bricoles comme elle
conserve des kilos de nourriture dans les placards de sa cuisine. Elle a
toujours peur qu’on manque de quelque chose, qu’on en ait jamais assez dans nos
assiettes, dans nos poches, dans nos placards.
Elle dit qu’elle a connu la guerre,
que pendant la guerre, il n'y n’avait rien ou si, il y avait de la rutabaga à manger et que la rutabaga, c’est
pas bon, alors à cause de la rutabaga, ses placards sont toujours pleins. C’est
comme l’année où Sadam Hussein a envahi le Koweit. Lui aussi est moustachu
comme l’autre, celui de ma grand-mère, à croire que ce sont les moustachus qui
font la guerre. C’est un tout petit pays qui possède plein de pétrole. Ce
jour-là, ma grand-mère elle a rempli ses placards de sacs de sucre.
Je sais que le pétrole, on le met
dans les voitures et dans les lampes, dans les bandes-dessinées de Lucky Luke.
C’est pour ça que ça pose problème car si les Daltons n’ont plus pétrole, ils
ne pourront plus creuser leur tunnel la nuit pour s’échapper et ils ne
pourront pas se faire attraper par Lucky Luke, donc Lucky Luke ne sera plus un
héros et il y aura plus de BD. C’est pour ça que la France aussi, elle a envoyé
des soldats là-bas, c’est pour sauver les héros de bande-dessinée.
JL. LFSF
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Ma rentrée au
collège.
L'été
se terminait et comme d'habitude l'excitation me gagnait. La perspective de la
rentrée me remplissait de joie mais également de crainte. Dans quelques jours, mon entrée en sixième
allait me transformer. La sixième rimait avec maturité et responsabilité mais également liberté. Depuis toujours
j'observais mon grand frère et ma grande sœur avec jalousie, envieuse de leur prestance. Les
grandes personnes possèdent une aura que tout enfant peut sentir. Il me
paraissait donc évident qu'un changement allait inexorablement s'opérer en moi,
qu'à mon tour j'allais devenir une personne à part entière. Parallèlement la
crainte d'une rentrée dans un nouvel établissement me rendait anxieuse, je ne
connaissais ni les gens ni l'endroit. Le
jour de la rentrée arriva. Mes parents à mes cotés, je pénétrais pour la
première fois le portail du Lycée Michelet, ce gigantesque établissement
construit au XVIIIe siècle par l'architecte du Château de Versailles, ancienne
résidence du Roi puis aérodrome du régime nazie. Autant dire que j'étais
impressionnée et que toute cette assurance que j'avais dernièrement ressentie
s'était évaporée. Le proviseur a rassemblé tous les sixièmes devant le pavillon
"Mansart", qui abritait l'administration et je me suis retrouvée
seule au milieu de centaines d'élèves.
Emma, terminale S, LFSF
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Les nez
tout blancs !
Aujourd’hui,
on fait de la cuisine à l’école. C’est drôle ça la cuisine. On s’amuse bien en
préparant le gâteau, et puis après quand on le mange, miam !
En arrivant à
l’école ce matin, la maitresse elle nous a donné des tabliers pour pas qu’on se
salisse, des fouets pour qu’on puisse bien mélanger, et des cuillers en bois.
C’est comme les grands cuisiniers, ils ont toujours un tablier, un fouet et une
grande cuiller en bois.
Mais on ne
peut pas faire de la cuisine en plein milieu de la classe, ça ne se fait pas,
il faut aller dans la cuisine. Sauf que à l’école, on n’a pas vraiment de la
cuisine parce que ce n’est pas comme dans une vraie maison. Enfin il y a une
cuisine, mais c’est tout derrière, là où elles sont les dames qui nous servent
à la cantine. Sauf que c’est pas une cuisine pour faire des gâteaux. Donc nous
on s’est juste mis dans la grande salle qui sert normalement pour manger le
midi.
Sur les
tables, il y avait déjà tout plein d’ingrédients dans des bols. Je pensais
qu’on allait faire quelque chose de drôle avec, mais en fait il fallait juste
les mélanger tous ensemble. C’est pas de la cuisine ça ! Normalement quand
on fait de la cuisine, il faut peser le sucre et le beurre, il faut gouter à la
fin, il faut suivre la recette. Oui et d’abord, il faut une recette ! Ma
maman quand elle fait un gâteau il y a toujours une recette.
Vu que là, il
n’y en avait pas, et qu’il fallait juste mélanger les ingrédients, et bien ce
n’était pas de la vraie cuisine.
J’ai eu envie
de pleurer, c’était pas drôle finalement, c’était nul, nul, nul.
Derrière moi,
j’entendais mes copains, rire, mais je ne voulais pas me retourner. Ils
rigolaient parce qu’ils ne savaient pas que ce n’était pas de la VRAIE cuisine
qu’ils faisaient. Du coup je me suis quand même retournée, mais pas pour voir
ce qu’il y avait qui les faisait rire, juste pour les prévenir qu’on faisait de
la FAUSSE cuisine.
Sauf qu’en
les regardant, j’ai découvert qu’il avaient le nez tout blanc. Alors je suis
allée les voir, en j’ai compris comment ils avaient fait : c’était de la
farine !
Comme ça
avait l’air drôle, j’ai fait pareil. J’ai trempé mon doigt dans le bol de
farine et - hop ! - sur le bout de mon nez ! Ça a fait une sensation
un peu bizarre, ça chatouillait, comme si j’allais éternuer. Tout le monde nous
avait vu, et tout le monde avait fait pareil, on était plus des petits
cuisiniers, on était des petits nez blancs !
On avait l’air
bien ridicule, alors j’ai commencé à rigoler ! Et quand la maitresse elle
s’en est mis sur le front, j’ai fait pareil. On ressemblait un peu à des chefs
indiens, comme des peintures de guerre, sauf que là c’était tout blanc au lieu
d’être coloré.
A la fin de
la matinée, on avait bien mélangé, bien raclé, on s’était bien amusé, et
surtout, on avait chacun cinq petits sablés. Il ne m’en reste plus que quatre
parce que j’en ai mangé un, il sentait trop bon !
Alors je sais pas si c’est de la cuisine ce
qu’on a fait, je ne sais pas si ça m’a appris la « nautonomie » comme
elles disent les grandes personnes, mais j’ai bien rigolé !
Adèle, seconde, LFSF
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Ça devait être un repas des plus
classiques, mais la seule chose à laquelle je ne m'attendais pas c’est d’arriver
comme un monstre qui trouve sa proie. Mes parents mangent, me regardent, sourient
puis se remettent à manger. Alors là, moi bien sûr je pense que quelque chose
est louche mais comme on avait des pâtes a la carbonara, un de mes plats
préférés, je me dis que finalement j’allais profiter de mon assiette. Puis, ma
mère se lance:
«Les enfants que pensez vous des
Etats-Unis?»
Alors là! Ben… je sais pas, pour
moi les Etats-Unis c’est juste des gros hamburgers où tu peux même pas croquer
avec ta bouche parce qu’elle est juste trop petite et qu'il te faudrait une
énorme mâchoire comme les requins. Il y a aussi les cowboys que je vois souvent
dans les film que papa et maman regardent le soir quand on est sensés être
couchés mais mon frère et moi on aime pas aller se coucher donc on regarde par
le trou de la porte de la salle a manger.
Et puis, moi je ne comprends pas
pourquoi on devrait partir. Je veux dire on est bien ici, non? Peut-être que
mes parents sont allergiques à la France, mais je vois pas comment parce que la
France il y plein de trucs géniaux comme le parc Astérix, les bonbons Haribo,
les liégeois au chocolat et les savons de Marseille parce que mon papa il est
de Marseille et il a un drôle d’accent.
C’est comme mon tonton il dit
qu’il veut partir mais ma tata veut pas donc il lui a dit qu’il partirais même
si elle venait pas alors ils se disputent tout le temps avec ma tata et c’est
horrible parce que moi je voudrais la défendre mais ma maman me dit toujours;
«On se mêle pas des oignons des autres!» Alors je me tais et j'espère qu’on va
pas le prendre avec nous parce que mon tonton il est pas très gentil, il dit
toujours que je vais devenir une Américaine et que je pourrais plus parler Français,
mais je sais que c’est pas vrai parce que sinon je parlerais chinois et
australien. Non, moi je m'appelle Fanny et je suis française !
Fanny, seconde, LFSF
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J’aime bien aller à la pêche avec mon Papi. C’est parce
qu’il a un bateau, et l’été, quand il fait chaud, on y va et on a plein de
temps pour faire tout ça. Le bateau, il l’a appelé le Jumilie, parce que c’est
comme mon nom et celui de ma petite sœur mélangés. Et comme ça je sais toujours
sur quel bateau il faut qu’on aille. On va à la mer tous les jours l’été. C’est
Maman qui nous emmène au bateau, et des fois Papa il vient mais souvent quand
il est en France il profite pour voir Papinou et Maminou. Mais moi j’aime bien
aller sur le bateau.
Quand on va pêcher, déjà il faut qu’on aille dans le
coffre, Maman elle dit “l’arrière” du bateau. Là-bas c’est tout noir et tout
froid. Mais on trouve plein de trucs qui sont cools. Y a les livres de Maman de
quand elle était petite. Y en a où la petite fille de l’histoire elle s’appelle
Juliette, comme moi, sauf que elle, elle est blonde et elle habite pas à San
Francisco et elle a pas de bateau. Je les lis toute seule d’abord et puis
après, si elle est gentille et elle dit s’il te plaît et merci, je les relis
pour Emilie. Mais si elle fait ses pleurnichages comme dit Papa je refuse. Elle
a qu’à se débrouiller. Maman elle dit démerder mais mois j’ai pas le droit
d’utiliser les mots comme ça, parce que c’est des gros mots et c’est pas poli.
Et puis j’ai pas envie de toute façon, je connais beaucoup de mots et on me les
a même pas appris mais je sais ce que ça veut dire quand même.
Et puis, quand j’ai fini de lire les livres, on commence
à chercher les cannes à pêche. Moi je préfère regarder, parce que c’est trop
encombré là-dedans et Papi il dit qu’il est assez fort pour tout faire, mais si
il me dit qu’il a besoin d’aide je peux l’aider, même Maman elle dit que je
suis la seule qui aime la pêche. Avec Emilie elles disent qu’elles aiment pas, et
qu’elles ont trop chaud, mais moi je trouve que ça c’est pas très logique,
parce que le soleil il est partout, surtout l’été au bateau, on a chaud tout le
temps, même la nuit, donc je pense que en fait c’est juste qu’à la pêche elles
sont pas très fortes.
Après avec Papi on va acheter des vers de terre à la
boutique où ils réparent les cannes à pêche. Moi je refuse de les toucher, je
peux les regarder et prendre la boîte et je porte même le sac mais c’est Papi
qui les met sur l’hameçon. J’ai pas peur des vers de terre, enfin si, un tout
petit peu quand même, mais c’est juste parce que j’ai jamais touché ça avant et
vu que je sais pas comment ça fait et bien si ça se trouve j’aimerais pas ça.
Mais heureusement Papi ça le dérange pas.
Après le reste c’est facile, on va au port et on met la
canne à pêche dans l’eau, plouf, et puis on attend, et des fois si on veut on
peut aussi s’asseoir. Les gens quand ils passent ils sont gentils, ils nous
sourient, ou ils disent bonjour, ou ils viennent nous voir et ils regardent
dans le sceau et ils regardent les poissons et des fois même ils touchent les
vers de terre, mais moi j’aime pas trop quand ils font ça. C’est pas pareil qu’en
Amérique, en Amérique les gens quand je les regarde dans la rue ils me
regardent pas ou ils parlent à quelqu’un d’autre et même des fois dans la rue,
à Union Square ou Downtown où Maman elle a son bureau, on me pousse parce que
je suis petite. Mais au port les gens ils me sourient et ils savent comment je
m’appelle même si des fois moi je sais pas comment eux ils s’appellent, et
j’aime bien quand les gens ils m’appellent Juliette dans la rue, et quand dans
la rue ils parlent français. Et puis quand Papi il pêche un poisson tout le
monde est super impressionné et moi j’ai le droit de le garder dans le sceau,
et après quand on rentre au bateau Mamie elle me donne un gros, gros sceau pour
faire une cage et on le remplit d’eau et mon poisson je lui apprends à faire
des tours. Mon poisson cette fois je l’ai appelé Grizouille, parce qu’il est
gris (c’est Maman elle avait pas compris pourquoi). Et ce soir si j’ai le temps
de préparer les tours de magie et le cirque, et s’ il est sage, je ferai un
grand spectacle pour tout le monde et puis comme ça après, demain, on le remet
dans la mer.
Juliette, première ES, LFSF
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Cet été
on était au Liban, comme tous les autres étés. On est allés à la plage et on
s'est vraiment bien amusé. En plus, teta
- c'est ainsi que l’on appelle mamie en arabe - cuisine tellement bien. Elle
fait de tout, mais je ne sais pas trop prononcer les noms, ils sont un peu
bizarres parce qu'ils sont en arabe. Un jour, je vais apprendre à bien parler
arabe comme maman et papa et teta et jeddo - ça c'est papy.
Maman a
dit qu'on va aller en Syrie pendant quelques jours, qu'on va aller visiter des
cousins là-bas. Je ne savais pas que j'avais des cousins en Syrie, d'ailleurs
je ne connais même pas leurs noms. Maman dit qu'ils ne parlent qu’arabe parce
qu'en Syrie, il n'y a pas d'écoles françaises comme au Liban. Je me demande
pourquoi. Maman dit que la Syrie était aussi une colonie française, comme le
Liban. Elle dit qu'ils apprennent un peu d'anglais mais qu'ils ne parlent pas
très bien.
On a
pris un taxi pour arriver en Syrie et on a passé des heures dedans. J'étais
coincée entre teta et Simone, ma
sœur. J'ai du beaucoup dormir dans ce taxi parce que quand je me suis réveillée
on était déjà arrivés. C'est bizarre la Syrie. Il n'y a personne. C'est même
tout vide dans les rues. Ca ressemble au Liban sans les gens et les
restaurants.
Ici, on
n'a mangé que des sandwiches à la mortadelle. Ils étaient tellement bons. On a
mis la mortadelle sur du pain arabe et on les a enroulés comme les cigarettes
que fume teta. On a joué avec comme
si on fumait en mangeant mais ça ne marchait pas trop. Mes cousins sont plus
grands que Simone et moi. Ils nous ont montré un film qui s'appelle Dumb and Dumber. Je trouve que c'est le
film qui est idiot parce que je n'ai pas trop compris de quoi ça parlait.
Je suis
sortie avec maman et Simone pour faire une promenade. Il fait super chaud ici.
Presque aussi chaud qu’au Liban. Maman dit que c'est parce qu'ici c'est sec et
qu'au Liban c'est humide. Je ne sais pas ce que ça veut dire ça... Je n'aime
pas ne pas savoir. Comme avant, il n'y a vraiment personne dans les rues. Sauf
une dame qui me regarde bizarrement. Elle est habillée tout en noir, de la tête
aux pieds. Elle porte même un voile noir sur sa tête. Je ne sais pas pourquoi
elle me regarde comme ça. Je suis habillée normalement moi, en short et
T-shirt. C'est elle qui porte des habits bizarres.
Catherine, Terminale S, LFSF
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RENCONTRE
Je
suis sur la terrasse de notre maison, à Blantyre, au Malawi. J’ai 8 ans et je
viens de mettre la jupe d’une de nos poupées à Doudoute, notre chienne qu’on
vient tout juste d’acheter en France, pendant les grandes vacances. A Pâques,
on a été cambriolés, et Maman, qui déteste pourtant les animaux, a décidé qu’il
nous fallait un chien de garde. Moi je suis hyper contente, parce que depuis
toute petite, je sais qu’il y a une partie de moi qui est chien. Jouer à être
un chien est mon jeu préféré; d’ailleurs j’ai une chemise de nuit spéciale pour
ça, et je l’ai tellement usée à force de la porter en marchant à quatre pattes
qu’il y a maintenant deux trous à la place des genoux; je sais très bien
aboyer, et les gens ont vraiment peur quand ils entendent mon aboiement car ils
croient qu’il y a réellement un chien quelque part. Ici, au Malawi, les gens
ont très peur des chiens et j’ai un succès fou avec mon aboiement. En plus, j’ai
une nouvelle dent qui a poussé à la place de ma dent de lait, et c’est une
vraie canine de chien, elle est toute pointue et elle ressort bien en avant;
quand je passe ma langue dessus, elle est lisse et piquante, je suis un vrai
chien qui se lèche les babines. Maman dit qu’il faudra que je porte un appareil
plus tard, pour la remettre dans le rang, mais moi, je suis très fière de ma
canine et je sais que je ne porterai jamais d’appareil, pas question, je veux
garder ma dent de chien toute ma vie.
Donc,
quand Maman a dit qu’on allait avoir un chien, j’ai été ultra contente. Je n’ai
pas très bien compris au départ pourquoi on ne pouvait pas en avoir un tout de
suite, ni pourquoi il fallait attendre l’été et les grandes vacances en France
pour en acheter un. Il y a des tas de chiens ici, des tas, ils vivent même tous
seuls, sans maître, par bande de trois ou quatre. Ils se nourrissent en faisant
les poubelles, ils sont tout maigres et ils ont l’air assez malheureux; je pense
qu’il n’y aurait aucun souci à en prendre un de ceux-là, vu que manifestement,
ils n’appartiennent à personne et qu’ils seraient très heureux d’avoir un
maître et une maison.
Mais
Maman pense que ces chiens-là ne sont pas de bons chiens, elle veut un “chien
de race”: là, mon coeur s’est mis à battre très fort, j’ai fait rapidement le
calcul dans ma tête: “chien de race”+ maison à garder = berger allemand, ou
Labrador, ou même peut-être encore plus gros…le rêve absolu.
Donc,
pendant les grandes vacances, on était chez Mamie, à Rambouillet, et un jour,
Maman nous a dit: “Les enfants, ce soir, je reviens avec le chien”. Nous, on a
guetté tout l’après-midi depuis le balcon, et enfin on a vu de loin notre mère
au bout de l’allée avec quelque chose au bout d’une laisse; mon frère, ma soeur
et moi, on a ri d’excitation et aussi parce que voir notre mère promener un
animal en laisse, c’était vraiment comique. Mais plus ma mère se rapproche,
plus je me dis: “Tiens, mais ce n’est pas un chien qu’elle a acheté, c’est un
hamster ou quoi?”. Quand elle arrive, je constate, très déçue, que ma mère a
décidé d’acheter le chien le plus laid et le plus ridicule de toute la terre:
une saucisse à pattes minuscule. Je demande à ma mère: “Tu crois qu’il va bien
garder la maison, ce chien?”. Elle répond: “Bien sûr, de toute façon, il est
hors de question d’avoir plus gros que ça.”. Le chien a levé les yeux, m’a
regardé en remuant la queue. Des grands yeux caramel, très doux.
Et ce regard m’a troué le coeur de tristesse,
j’ai vu dans les yeux de ce chien deux qualités, évidemment absentes chez les
adultes, mais même très rares chez les enfants:
une grande sagesse et une grande honnêteté; ce chien est comme mon frère
et ma soeur, il va être dans notre camp: on va s’aimer pour de vrai, pas pour
de faux comme font les grandes personnes. Et en même temps, je suis très
angoissée, je réalise qu’il faut vivre notre histoire très vite, qu’il y a
urgence, le compte à rebours est entamé, le sablier est retourné, ce chien va
vieillir plus vite que moi, il va mourir avant moi, je dois me préparer à cette
mort. Depuis toujours, je pense à la mort et au temps qui passe, mais
heureusement, les deux personnes que j’aime, mon frère et ma soeur, sont plus
jeunes que moi, et donc, si tout se passe bien, je vais mourir avant eux; là,
c’est très différent, il va falloir que j’affronte ça.
V.N.T,
LFSF.
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J’aime bien l’odeur du café! Depuis que j’ai quatre ans j’ai droit à un canard
quand mes parents prennent leur café. Un
canard c’est beaucoup de sucre et un tout petit peu de café… Mais ce matin,
l’odeur du café me rappelle que pendant que les grands vont prendre leur petit
déjeuner tranquilles avec mon petit frère, moi je dois aller à la messe.
À la messe, avec ma carte. Ma carte pour dire que je suis bien allée à la
messe au lieu de prendre le petit déjeuner avec tout le monde. Le père Simon,
c’est le curé de là où j’habite, dit que Dieu voit tout mais apparemment pas si
on est à la messe, alors il nous a donné une carte à faire tamponner tous les
dimanches, comme ça Dieu est tranquille, le curé vérifie qu’on est bien venus.
Quand je suis chez moi, je fais tamponner ma carte comme mes copains, tout
le monde y passe. Mais là, c’est pas pareil, je suis chez mes grand parents, alors
je ne connais personne dans cette église, le curé me fait peur et personne n’a
de carte à faire tamponner.
Pendant toute la messe, je me demande comment je vais faire, je n’écoute
rien, je tripote la carte dans ma poche. Et puis c’est fini, je suis dehors,
les gens sortent et je n’ai pas fait tamponner ma carte.
Rentrée la maison, je dis au père
Simon que je suis allée à la messe mais que je n’ai pas fait tamponner ma carte.
Il me demande pourquoi et je lui dis que je l’ai oubliée. Il dit que je suis
une menteuse. Oui et non.
Quand je serai grande je n’irai plus à la messe, je n’aurai plus de carte
et je boirai du café tranquille…
C. LFSF
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